mercredi 30 janvier 2008

Histoire de la civilisation arabo-musulmane

L’expansion de l'Islam


1) En Orient

Péninsule arabique

On date la révélation de Mahomet à environ 610. Les premières années sont difficiles et les musulmans sont souvent persécutés, certains migrent vers l'Abyssinie. En 622, le prophète Mahomet (pss), chassé de la Mecque, se réfugie à Médine, c'est l'an I de l'Hégire. À partir de cette date, il commence à étendre son audience et son pouvoir et il conquiert La Mecque. À sa mort en 632, il a conquis toute la péninsule.

Proche-Orient

Au Proche-Orient à l'arrivée des Arabes, l'empire byzantin est fortement affaibli par sa lutte contre les Perses sassanides. Ces derniers avaient pris Jérusalem en 614 et l'avaient gardée quinze ans, jusqu'en 629. Les musulmans prennent donc une ville affaiblie en 638.

Moyen Orient et Asie centrale

Les Arabes, menés par les troupes du général Qutayba ibn Muslim, conquirent vers 712 les territoires des actuels Ouzbékistan et Kirghizistan. Ils y entrent au contact avec les Chinois pendant le règne du premier abbasside Abou al-`Abbâs à la victoire de Talas. Ils ont appris l'islam aux peuples centre-asiatiques pratiquant jusqu'alors le zoroastrisme.

Le contrôle arabe de l'Asie centrale fut consolidé suite à la bataille de Talas (au Kirghizistan près de la ville actuelle kazakh de Taraz) contre les Chinois en 751. Cette victoire qui a marqué l'avancée la plus à l'Est des armées arabes a été également l'occasion d'acquérir un certain nombre de techniques chinoises dont celle de la fabrication du papier. Lors de la bataille de Talas, les Arabes, victorieux, font prisonniers de nombreux Chinois et récupèrent ainsi le secret. Ils comprennent rapidement l'intérêt de ce nouveau support pour propager l'islam, et Samarcande en sera le tout premier centre de production du papier du monde musulman. Par ailleurs, ils en amélioreront la fabrication en y incorporant à sa préparation des chiffons. Haroun ar-Rachid imposa l'usage du papier dans toutes les administrations de l'empire. Le papier arrive alors dans le reste du monde connu et en Occident grâce aux conquêtes arabes en Asie centrale. On le retrouve à Bagdad en 793, au Caire en 900, à Xàtiva (San Felipe, Espagne) en 1056 et enfin en France au début du XIVe siècle.

Les conquérants arabes se frottent aussi à la Perse et vont, à l'est, jusqu'à l'Indus. Quelques populations turques se convertissent à l'islam. Au XIIIe siècle, le monde islamique joue un rôle important pour le commerce entre l'Europe, l'Inde et la Chine, les Arabes ayant, à cette époque et jusqu'à l'arrivée des Portugais en Inde, le monopole du commerce sur la côte de Malabar. Tamerlan (1336-1405), turc islamisé, fonde un Empire dit mongol mais turc de fait, dont l'existence ne sera qu'éphémère. L'un de ses successeurs, Babur restaure l'empire, en Inde surtout, que l'on nommera moghol. En Inde se produiront nombre de syncrétismes dont la tentative de l'empereur moghol Akbar, qui promulgue l'un des premiers édits de tolérance.

L'expansion de l'Islam se poursuit vers l'Asie du Sud-Est et la Chine, tout d'abord par l'intermédiaire des marchands.


2) L'Afrique


Les troupes de Oqba Ibn Nafaa entrent en Ifriqya, nom donné à cette ancienne province romaine, mais il se heurte à la résistance de Kusayla. En 683, lors d'une terrible bataille, Oqba meurt ainsi que la plupart de ses hommes. Kusayla marche alors sur Kairouan, il y règnera près de cinq ans, mais des renforts venus de Syrie destituent le roi.


La conquête du Maghreb reprend et aussitôt un nouveau soulèvement gagne la région des Aurès, Dihya (Kahena) parvient à rassembler plusieurs tribus berbères et repousse provisoirement les soldats musulmans jusqu'en Tripolitaine (l'actuelle Libye). Carthage est prise en 698, la résistance est dominée à partir de 702 et l'Afrique du nord est « officiellement » conquise en 711. Cette même année, les premiers contingents berbères passent en Andalousie, dirigés par Tariq ibn Ziyad. À la phase d’organisation militaire de la conquête, va se substituer l’administration d’un territoire encore partiellement insoumis, et non converti.


Les populations afro-arabo-persannes d'Afrique de l'est qui commerçaient depuis des siècles avec les arabes se sont islamisés dès le VIIIe siècle. La culture swahilie est à la fois le fruit de ce metissage et de l'islamisation de la région.


3) L’Europe


Dès le VIIe siècle, de la péninsule arabique jusque la péninsule Ibérique, l'expansion de l'islam se fait selon le principe de la guerre juste ou Jihad. Cette terre, alors chrétienne, avait été usée par les luttes intestines concernant l'hérétique (arianiste dans la péninsule Ibérique et donatistes dans le Maghreb) et, de ce fait, longuement persécutée par le pouvoir impérial. Ce qui explique l'accueil facile aux conquérants fait par la majorité d'entre eux au moins en Afrique du Nord. Cette terre devient le pays d'al-Andalûs pour 800 ans.


4) La conquête ottomane


Au IXe siècle, on note la progression de peuples turco-mongols de la région des montagnes Altaï et du lac Baïkal vers l'Ouest; ces peuples s'islamisent progressivement. Par la suite, appelées en renfort par le calife abbasside pour calmer les agitations, des populations turques appelées Seldjoukides s'installent à Bagdad au XIe siècle.


L'islam s'étend en Asie mineure et en Inde. Un prince afghan converti à l'islam instaure un sultanat en Inde. Il y a différentes influentes familles dans les tribus turques en Asie mineure, et la famille Osman, implantée près d'Istanbul, va entreprendre la conquête de l'Asie mineure et des Balkans. Constantinople tombe en 1453. L'expansion de l'islam en Europe a été le fait des Ottomans qui ont remporté d'importants succès militaires dans les Balkans, en particulier sur les Albanais et sur les slaves de Bosnie.





L’âge d’or de la civilisation musulmane








Ils convient tout d’abord de relever quelques traits qui ont caractérisé ce développement important des Sciences, de la philosophie, de la médecine et de la littérature musulmane à partir du 8e siècle. Sur le plan méthodologique, il y a sans doute un élément déterminant qu’il faut signaler de prime abord. La logique et la rationalité grecques sont adoptées sans aucune réserve par les penseurs et les savants de l’époque. L’héritage d’Aristote et de Platon est assumé avec enthousiasme. Al Farabi (870 950) l’un des plus grands philosophes de l’époque est surnommé le second maître ; le premier étant évidemment Aristote. Cela prouve le respect que les savants musulmans de l’époque avaient pour l’oeuvre de leurs prédécesseurs grecs. Il en est de même pour Ptolémée dont l’oeuvre centrale : la grande composition mathématique de l’astronomie est nommée par les savants musulmans de l’époque Al Magisti qui deviendra l’Almageste au moyen âge chrétien.

On ne peut occulter, pour expliquer le développement remarquable des sciences et de l’art le rôle déterminant joué par les Califes abbassides. Amoureux des sciences et de la connaissance, ils consacrent des budgets colossaux à l’achat des livres et des parchemins. En 995 une bibliographie complète des ouvrages hindous, grecs et arabes avec des notices biographiques de leurs auteurs est publiée par Nadim. L’industrie du papier se développe. Des traductions à partir du syriaque et du Perse sont commandées à grands frais à des traducteurs de toute nationalité. Une institution dédiée à accueillir traducteurs et scribes fut fondée par le Calife Al Ma mun fils de Haroun al-Rachid. Elle porte le nom de Dar Al Hikma (la maison de la sagesse). C’est une véritable fourmilière où des traducteurs de toutes nationalités et de toute confession oeuvrent d’arrache pied.Bientôt, des ouvrages venus de toute part et appartenant à différentes disciplines scientifiques sont disponibles en langue arabe et en plusieurs copies. Tous les grands savants grecs sont traduits : Archimède, Platon, Ptolémée, Hippocrate.

On trouve également les traductions des oeuvres perses et indoues. À l’aube du 10e siècle, Bagdad compte plus de cent bibliothèques publiques.
Une autre caractéristique de ce mouvement de renouveau sans précédent peut être relevée : il s’agit d’une atmosphère de liberté de pensée qui n’a jamais été vue depuis dans le monde musulman. Des libres-penseurs comme Arazi et Khayam côtoient les défenseurs de la pureté de la foi comme Al Ghazali. Mais quelles que soient les convictions des uns et des autres, tout le monde semble accepter l’arbitrage de la raison. Des polémiques célèbres éclatent : - le poète et philosophe Abou Al Alaa Al Maari rédige un célèbre ouvrage en réponse à Ibn Alqarih qu’il intitule Lettre du pardon (Rissalat Al Ghofrane).
Dans cet ouvrage écrit au milieu du 11e siècle dans un style ironique, mais d’une grande profondeur philosophique, Al Maari imagine son concurrent dans l’au-delà en train de se promener entre le purgatoire, le paradis et l’enfer et fait des rencontres pleines de surprises avec les poètes décédés. On ne peut évidemment ignorer la grande similitude entre l’idée centrale de ce livre et la divine comédie de Dante écrite deux cents ans plus tard. S’il n’est pas prouvé que l’ouvrage d’Al Maari a été entre les mains de Dante, il est sûr que les deux auteurs se sont largement inspirés de l’histoire de l’ascension du prophète telle que rapportée dans le saint Coran et dans la biographie du prophète (Assira Nabaouiya).

Le philosophe théologien Abou Hamid Al Ghazali s’attaque aux philosophes en écrivant coup sur coup Maqasid al-Falasifa [les intentions des philosophes ] puis Tahafut al-Falasifa [ L'incohérence des philosophes]. Dans ces deux ouvrages Al Ghazali nargue les philosophes de l’époque et les met au défi de résoudre par la raison quelques problèmes simples touchant l’homme, le monde et Dieu. Le défi est relevé par Ibn Ruchd (Averroès) en répondant par son célèbre ouvrage Tahafut al-Tahafut : [l’incohérence de l’incohérence]. Avec le recul, c’est Al Ghazali qui sortira vainqueur de cette confrontation. Son oeuvre aura une influence telle qu’on n’hésite pas à lui attribuer le déclin de la pensée philosophique musulmane.


Dans le domaine littéraire, c’est aussi le foisonnement. Tous les genres sont présents, mais la poésie est de loin le genre le plus prisé. Abu Nawas, décédé en 815, profitant de la protection des Califes se livre ouvertement à la subversion et au libertinage. Il n’hésite pas à faire état de ses penchants pour le vin et l’amour libre entre partenaires de même sexe, ce qui est aujourd'hui encore inimaginable dans beaucoup de pays dans le monde.


En Andalousie Ibn Hazm, juriste et théologien publie le collier de la Colombe (Tawq Al Hamama) une sorte de livre de recette des codes de l’amour. Le livre est traduit en plusieurs langues notamment sous le titre évocateur des amours et des amants.On ne peut parler de poésie classique arabe sans citer celui que d’aucuns considèrent comme le plus grand poète de l'époque islamique : Abou Taieb Al Moutannabi (915 - 965) chantre des princes et des Califes et celui qui a glorifié leurs victoires et leur vie. Très peu connu en occident, Al moutannabi n’a été présenté au public occidental qu'au 19e siècle par le poète allemand Goethe dans son recueil de poèmes intitulé le divan occidental et oriental. Du reste l'influence d’Al Moutannabi dans l’oeuvre poétique de Goethe est incontestable.

Mais les deux ouvrages qui traduisent le mieux ce rôle de trait d’union entre l’orient et l’occident qui a été joué par la civilisation arabo-musulmane entre le 8e et le 13e siècle sont Kalila Wa Dimna et Alf Laila Wa Laila (les mille et une nuits). Kalila Wa Dimna est un recueil de fables dont les héros sont deux chacals Kalila et Dimna. Ce livre aurait été écrit en Inde vers l’an 200 par un Brahmane inconnu. En 750 Ibn Al Muqaffaa, encyclopédiste célèbre, procède à son adaptation à partir d’une version persane. Il semble que son objectif ait été de dénoncer les intrigues et les complots de la cour tout en contournant la censure en donnant la parole aux animaux. Cette adaptation d’Ibn Al Moqaffa a eu un succès considérable et fut traduite dans une multitude de langues dont, notamment, le turc, le persan et le latin. Elle sera ramenée en Europe par le corps diplomatique. La version française est publiée en 1644 et inspira de nombreuses histoires des fables de la Fontaine.

Les mille et une nuits est un fabuleux conte qui a nourri les rêves et les phantasmes en orient et en occident. Il a été composé à partir d’histoires persanes et arabes. La trame de l’histoire que chacun connaît est celle du roi Shahraiar qui, trompé par sa femme décide de se venger en exécutant chaque matin, après la nuit de noces sa nouvelle épouse. Bientôt, il ne reste plus dans le royaume que les trois filles du Vizir, celui-là même qui est chargé de trouver au roi ses nouvelles victimes. L’aînée, Shéhérazade, décide d’épouser le roi au risque de se trouver décapitée sitôt terminée la nuit de noces. Shéhérazade, fille intelligente et rusée raconte une nouvelle histoire au roi chaque nuit en l'interrompant au moment le plus palpitant. Le roi, curieux d’entendre la fin de l’histoire épargne Shéhérazade et fini par aimer cette femme brillante et cultivée et à mettre fin à son projet de vengeance.

Au-delà de la légende de Shéhérazade, les mille et une nuits est un extraordinaire témoignage relatant le raffinement et la richesse de la civilisation musulmane de l’époque. Mieux que tout autre livre d’histoire, les mille et une nuits a transmis à l'Europe le ravissement des lieux, la sensualité de la vie en orient et la complexité des rapports entre les hommes.


Dans le domaine des sciences, la contribution de la civilisation musulmane est encore plus nette. Dépositaire du patrimoine scientifique indou et surtout grec, les savants musulmans vont faire avancer la plupart des sciences et leur donner leur véritable essor. Mais c’est en mathématique que les avancés sont les plus originales. L’algèbre, en particulier, est née à Bagdad au 9e siècle grâce à Al Khawarizmi, qui en donne les bases. Le mot algèbre apparaît dans le titre de son ouvrage "kitab al-mokhtasar fi hisab al-jabr wa al-moqabala" qu’on pourrait traduire par la "traite du calcul d’algèbre et de l’opposition". C’est l’un des livres les plus marquants de l’histoire des mathématiques. Le génie d’Al Khawarismi est sans doute d’avoir introduit la notion d’inconnue : la chose, et de procéder à sa manipulation mathématique exactement comme un nombre connu au sein d’une équation.Ce sont également les savants musulmans qui vont faire connaître les dix chiffres du système de calcul décimal. Les chiffres furent introduits à Bagdad à l’époque de calife Al Mançour en 773 dans un traité d’astronomie venant de l’Inde. Le traité sera traduit sitôt connu en arabe sous le nom de Sindhind. À l’origine, les indous avaient réservé le nom de "çunya" qui veut dire vide en Sanskrit pour désigner le zéro. Son symbole, un rond, n’a pas changé depuis.Les chiffres indous (arabes) furent introduits, semble-t-il, en occident par un prêtre français.


En astronomie, Les scientifiques musulmans construisirent l’astrolabe universel, qui devint l’instrument de base utilisé jusqu’à ce jour en astronomie. Ils élaborèrent aussi des tables rendant compte des mouvements des étoiles et des planètes.Le grand astronome musulman Al Sufi écrivit une description des cieux au Xe siècle, qui devint la source de toutes les études d’astronomie et influença la dénomination de beaucoup d’étoiles et de galaxies, par exemple : Cursa, Wega, Sad al Sud, etc.Les origines de l’ordinateur, qui révolutionne aujourd’hui le monde, peuvent
remonter jusqu’au calculateur d’éclipses de l’astronome et mathématicien musulman du XVe siècle Massoud Ibn Mahmoud Ghiath al-Din-al-Kashi (1393-1449), que le professeur Goldstine de l’université de Princeton décrit en ces thermes : " c’était un système ingénieux qui calculait de façon simplifiée les importantes périodes qui s’écoulent entre éclipses lunaires…Son calculateur planétaire était un instrument servant à déterminer les longitudes de la Lune, du Soleil et des planètes visibles.

En médecine, ce sont les Arabes qui ont développé l’anatomie. Pour réaliser l’anatomie, ils ont dessiné un squelette accroupi.
Les Arabes ont aussi inventé la chirurgie.Le médecin Idn Al Nofis au XIIIème siècle découvre que le sang, pour arriver au cœur, passe par les poumons et est nettoyé grâce à l’air, après le sang revient au ventricule, puis est relâché dans le plasma sanguin.
En physiques chimie, les arabes ont développé les cosmétiques et les parfums. Ils ont découvert l'alcool ethylique, l’acide chlorhydrique, l’acide sulfurique et développé l’industrie du papier. Les Arabes étudient la météorologie, ils ont étudié l’Arc-en-ciel : c’est lorsqu’il pleut et qu’après, il y a du soleil, tout ça a été expliqué et démontré par des savants.On peut continuer à énumérer les domaines dans lesquels le monde musulman apporta une contribution indélébile au corpus des connaissances de l’humanité.En définitive, son apport le plus important aura été de faire le lien entre la culture orientale et la culture occidentale au moyen âge et d’avoir transmis à l’Europe un patrimoine inestimable de l’humanité. Il aura été pour beaucoup dans le développement que connaîtra l’Europe à partir du 14e siècle. Les ouvrages d’Avicenne, Averroès, Al Khawarismi, Attusi, Jaber Ibn Hayane, Al Idrissi, ont été, pendant plusieurs siècles, des repères incontournables dans les universités européennes. Les empreintes de la langue arabe qu’on rencontre dans les langues latines témoignent de ce passage de relais.

2 commentaires:

Béret vert a dit…

N'importe quoi. Ne serait-ce que l'astrolabe, dont les restes du plus ancien et le plus magnifiquement complexe a été retrouvé en Sicile et est attribué à Archimède: en effets, toutes les inscriptions qu'il porte son en... grec.

Béret vert a dit…

"effet" "sont"...