dimanche 27 janvier 2008

1) Le haut Moyen Âge

La destruction presque totale de la ville de Rome par des invasions de barbares marqua la fin de l’époque de l’Antiquité et le début du Moyen Âge. Par contre, ce n’est pas seulement ces invasions qui ont créé l’effondrement de l’Empire romain, mais aussi les différences culturelles retrouvées dans le secteur de l’administration et le secteur militaire qui ont établi un fossé politique. Il fut bientôt trop difficile de maîtriser toute la population et ses différences. Étant déchirée de l’intérieure, la civilisation romaine était donc plus fragile et ses forces militaires moins efficaces. Les barbares ont pu alors pénétrer plus facilement avec leurs assauts. De plus, durant cette période, les plus riches vont se diriger vers les campagnes et vont vivre avec les ressources de leur propriété. Il y aura aussi un changement de religion. En effet, la religion romaine traditionnelle ne répondait plus aux attentes des gens, ce qui permit au christianisme de se répandre très vite dans tout l’Empire. Finalement, les invasions barbares vont construire une nouvelle civilisation, celle que nous appelons médiévale.

a) Les invasions barbares

Les barbares sont des cavaliers nomades ou semi-nomades opposés aux Romains par leur religion, leur mode de vie et même par leur conception de la famille et du droit. Barbare est significatif d’étranger, donc tous ceux qui sont différents des Romains. Par contre, les groupes de barbares se ressemblent beaucoup. Ils ont pratiquement les mêmes religions, ils sont polythéistes et leurs structures familiales s’organisent autour d’un clan dont l’autorité est formée d’un chef pour chaque famille. Ils n’ont pas besoin de structures politique ou administrative, puisque l’ordre familial s’en charge. Cependant, la conquête de nouveaux territoires amène parfois certains conflits entre les familles. Donc, certains clans élisent un chef de guerre par ses qualités au combat. Son pouvoir est absolu sur le champ de bataille, mais prend fin lors des temps de paix. À un certain moment, coincées entre les Huns provenant d’Asie et les frontières romaines, des cohortes de barbares forcent les frontières déjà affaiblies par les différences culturelles pour venir s’installer en territoire romain. Par la suite, les Huns et d’autres groupes de barbares en ont profité. Ils ne veulent pas tout détruire, mais la plupart veulent seulement s’établir et profiter de la paix et des richesses de l’Empire. Ils s’intègrent et veulent même s’approprier les valeurs de la civilisation romaine. Pour leur part, les Romains veulent les assimiler en leur offrant des terres et des revenus en échange de leur participation à la protection du territoire. Ils donnent même le droit à certains peuples de se gouverner tout en prélevant des impôts pour le trésor impérial et aussi pour protéger leur territoire. Malheureusement, avec l’expansion de ces nouvelles organisations, les anciennes structures étouffent et elles finissent par laisser toute la place aux nouvelles. On voit donc la fin de la hiérarchie romaine et le commencement de nouvelles structures toujours peuplées en majorité par des Romains, mais gouvernées par des aristocrates germaniques (barbares). La conception d’État est nouvelle pour ces derniers. Les chefs de guerre sont maintenant élus en permanence pour veiller au bon fonctionnement. Toutefois, ces nouveaux royaumes sont fragiles à cause du jeu des héritages, des alliances et des guerres entre frères et sœurs pour la succession. Par contre, le souvenir d’un Empire romain et la religion chrétienne subsistent.

b) L’Église chrétienne

Entre le 4e et le 7e siècle, l’Église chrétienne se structure par l’établissement d’une doctrine universellement adoptée, par la mention du pape de Rome comme le pape suprême et par la construction de communautés locales comme les diocèses et les paroisses. La doctrine est basée sur la Bible et les évangiles, mais la complexité de ces livres amène les gens à en faire différentes interprétations qui sont même parfois contradictoires. Pour remédier à la situation, certains évêques ont décidé de donner un sens aux textes considérés comme sacrés en les réécrivant. Ces œuvres ont permis de faire taire toutes les fausses interprétations et chasser de l’Église ceux qui les répandaient; les hérétiques. Puisque l’évêque actuel de Rome est le descendant de Pierre, celui à qui Jésus a demandé de bâtir son église, il confirme donc son autorité et certains évêques le reconnaissent même comme l’autorité suprême. Le roi des Francs, Clovis, adhère à la religion chrétienne et crée la tradition d’une lignée de rois très chrétiens. Pour les autres rois, il fallut que le pape Grégoire le Grand les convaincre d’y adhérer. Toutefois, ce qui fortifia vraiment l’existence de l’Église fut le réseau dense des petites communautés locales des croyants. À cette époque, les évêques s’établissent dans les villes principales puis chacun érige son palais et son église. Ces derniers et les moines, qui vivent en retrait de la société, décident alors d’évangéliser les masses dans une œuvre missionnaire. Donc, du 4e jusqu’au 9e siècle, on voit la religion chrétienne pénétrée dans toutes les sphères de la société.

c) Migrations vers les campagnes

À ce moment de l’histoire, il y a un déclin et disparition parfois même totale de la vie urbaine. La production locale des domaines ruraux remplace les importations de luxes. La monnaie en or et en argent cesse de circuler pratiquement partout et les échanges se font désormais par troc. Les grands propriétaires des campagnes tentent de diversifier leurs productions de ressources pour répondre à leurs besoins, parce qu’ils ne veulent plus faire affaire avec les commerçants. Apparaissent alors les exploitations et les transports entre les domaines. L’exploitation de la terre commence lorsque les hommes libres et les esclaves doivent payer leurs redevances au maître en journée de travail. Chaque domaine comprend deux parties : la réserve qui est cultivée par les esclaves non chassés du propriétaire et les manses qui sont de petites exploitations pas toutes également subdivisées, moyennant redevance par les paysans libres ou les esclaves chassés. Il n’y avait pas une très grande différence entre les situations économiques des hommes libres et des esclaves, ce qui les amena à se marier entre eux. Ces mariages effaceront complètement le statut d’esclave. À l’époque des Romains, la plupart des citoyens savaient lire, écrire, parler en public et maîtriser un minimum de connaissances juridiques. Donc, ils avaient des écoles qui enseignaient les sept arts libéraux. Cependant, la migration des gens vers les campagnes a fait en sorte que ces structures ne sont maintenant plus fréquentées. Quelques grands propriétaires et rois créent alors des écoles où un maître donne des enseignements rudimentaires aux enfants des aristocrates laïques. Il y a aussi dans certains monastères, des moines tournés vers les études qui se sont donnés comme but de conserver la culture et la langue de l’Antiquité. Ainsi prennent naissance des écoles monastiques et des ateliers de copie. Les barbares germaniques sont venus enrichir et apporter de nouvelles choses à la culture classique. En effet, maintenant l’oralité prédomine. Ce n’est par contre plus la langue latine classique qui prédomine à cause de la diversité ethnique qui existe. Toutefois, le latin oral persiste et deviendra selon l’influence des différentes régions l’italien, l’espagnol et le français. C’est à cette époque (au 8e siècle) qu’apparaît une dynastie conquérante, celle des Carolingiens dont le chef est Charlemagne.

d) Le règne de Charlemagne

Le royaume des barbares francs est le plus puissant et le plus gros des royaumes barbares. Par contre, ils ont plusieurs problèmes de partage des territoires entre les descendants des rois. En 751, le roi en place est détrôné par Pépin le Bref qui fonde une nouvelle dynastie royale, celle des Carolingiens. À sa mort, son seul survivant était Charlemagne qui hérita seul de son royaume. Ayant de grands talents en tant que comandant et n’ayant pas de rivale interne, il put mettre le peuple franc à son service pour rechercher des richesses et le pouvoir du continent entier. Charlemagne remporte beaucoup de victoires et acquiert beaucoup de puissance en exerçant sa domination jusqu’aux portes de Rome. Il va même jusqu’à arrêter l’avancée des Arabes. Il trouve une façon de bien organiser les pays soumis avec des fonctionnaires royaux qui représentent le pouvoir fiscal, militaire et judiciaire du roi dans leur partie de pays. De plus, pour vérifier que ces fonctionnaires font bien leur travail, il envoie des hommes de confiance. Puis, pour être en mesure de bien contrôler tout son territoire, il fait revivre l’Empire romain et prend le trône. Charlemagne était croyant et en devenant un empereur chrétien, il sera un très bon allié de la papauté. Vu que son but est de faire revivre l’Empire romain, il fonde dans son palais une sorte d’université ou d’académie, où il attire tous les plus grands esprits de l’époque qui eux aussi veulent renouer avec la grandeur de Rome. Il veut aussi faire recopier les anciens manuscrits pour les faire rajeunir. Donc, il encourage et multiplie les ateliers monastiques où les copistes s’occuperont de cette tâche. Il crée pour eux une écriture uniforme et extrêmement lisible, la lettre caroline et ressuscite le latin classique. Vu que cette langue était morte depuis un moment, il doit alors former les clercs des églises, éduquer les enfants de l’aristocratie et leur enseigner les lettres nécessaires, parce qu’il voulait faire renaître aussi l’écriture. Un réseau d’écoles a été créé dans tout l’Empire où on y enseigne encore les sept arts libéraux. Son but général avec tout ceci est de restaurer l’ancien Empire et unifier les cultures ainsi que les religions pour que ce soit plus facile de gouverner. C’est sûr qu’il n’est pas le seul à avoir pensé à tous ça, mais ça plus grande réussite est d’avoir su s’entourer des bonnes personnes. Malheureusement, avant sa mort ce fut de plus en plus difficile de gérer les ambitions personnelles et locales des aristocrates à son service. De plus, il n’a jamais réglé le problème de succession des Francs et le partage de son territoire à ses 3 petits fils créera la fin de son rêve impérial unitaire. C’est avec cette séparation du territoire qu’on peut voir la première esquisse de la géographie de l’Europe moderne. À l’extérieur du continent, de nouvelles invasions s’annoncent, mais Otton 1er le Grand réussira à les arrêter. À cause de cette victoire, il se permet de revendiquer la couronne impériale carolingienne et un nouvel Empire allemand naît. Cependant, la faiblesse interne de cet Empire et les assauts externes font en sorte qu’il s’écroule comme celui des Romains. L’Europe se retrouve écartelée en petits centres de pouvoir et les deux grandes puissances qui peuvent essayer de réclamer le gouvernement universel sont l’empereur germanique et le pape. C’est la lutte de pouvoir entre ces deux institutions qui caractérise surtout la période suivante; l’âge féodal.


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Source:
Hébert Michel, Le Moyen Âge

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