dimanche 27 janvier 2008

2) L'âge féodal

Avec la fin de l’État carolingien, les rois exercent encore leur pouvoir, mais ils sont concurrencés par les seigneurs des châteaux. Pour éviter d’être dépendante des rois et des seigneurs, l’Église doit éviter de prendre position dans les conflits entre laïcs. Cependant, c’est trop difficile et la situation amène une réforme d’une très grande ampleur.

a) Système féodal

L’État s’effondre à cause des faiblesses internes de l’Empire carolingien, mais le pouvoir du roi a toujours de l’importance. Le démembrement de la société unie de Charlemagne crée une lignée de royaumes. De plus, avec la diminution de la surveillance exercée sur les agents représentant la royauté dans les régions locales, ceux-ci en profitent pour prendre le contrôle de la justice, des finances et du commandement militaire de leur territoire, mais pour leur profit personnel. Ils utilisent aussi leur droit de rassembler une armée pour le roi afin de l’utiliser comme garnison personnelle. En effet, ils veulent se protéger contre les tentatives d’expansion de leurs voisins ainsi que de garder le contrôle sur les hommes qui sont à leur service. Ils s’approprient aussi le droit de battre la monnaie de même que la surveillance et l’entretien des routes publiques. Ces agents en quête de pouvoir trouvent même de nombreux prétextes pour prélever des impôts, ils veulent faire de l’argent sur le dos des autres. Par contre, vers la fin du 11e siècle, les paysans mieux équipés ont décidé de leur barrer la route et de leur imposer des limites. Malheureusement, avec toutes ces taxations, le peuple à beaucoup moins d’argent et pendant les décennies qui entourent l’an Mille, les biens sont maintenant saisis ou vendus à cause des endettements et rendus par la suite en raison d’un paiement d’un droit. Ces manquements aux droits de la personne causent une diminution de la valeur des paysans sur le plan juridique.

Seigneurs et vassaux

Les seigneurs dans les campagnes se construisent de nouveaux types de forteresses, les mottes, ancêtres des châteaux forts. Ces mottes sont gardées par des dizaines d’hommes provenant de la famille du seigneur ou des familles de cavaliers associés au seigneur. Ces hommes sont des vassaux qui sont étroitement liés avec le seigneur par un serment de fidélité. La base du système féodal est fondée sur l’engagement étroit entre deux hommes libres s’appuyant sur la foi de l’un envers l’autre. Donc, le vassal offre au seigneur son aide militaire de même que monétaire par la suite. En échange, ce dernier entretient son vassal en lui donnant un fief ainsi qu’en lui donnant sa protection et sa justice. Le fief est une partie de terre appartenant au seigneur qui est le prix que ce dernier paye pour la foi et la fidélité du vassal. Ce lien n’est pas automatiquement perpétué avec les descendants des vassaux, mais les seigneurs offrent leur pouvoir à leur progéniture. Toutefois, on ne divise plus les parts du commandement à tous les enfants, mais seulement au premier-né. De plus, on évite de donner le pouvoir aux femmes, sinon, ils se dépêchaient de leur trouver un mari pour prendre soin des biens familiaux. Les mariages deviennent alors des affaires de pouvoir et d’alliances familiales. À cette époque beaucoup d’enfants sont envoyés dans les églises ou au cloître pour ne pas alourdir la succession familiale. On retrouve les rapports de féodalité sur toutes les sphères de la société. Effectivement, tous les rapports de dépendance et de hiérarchie sont régis par un serment de type féodal. Apparaît alors tout un système de pyramides qui démontre les dépendances. L’Église a, quant à elle, échappé à ce système.

b) L’Église grégorienne

Les gens de l’âge féodal ne sont pas encore tous assimilés au christianisme. En effet, certains plus superstitieux utilisent encore des pratiques païennes comme les rites de fertilité et de fécondité, les usages de préparations à base de plantes médicinales et cueillettes nocturnes sous la pleine lune. Ces pratiques inquiètent les gens de l’Église qui n’acceptent pas ces méthodes et condamnent les gens les utilisant. Cependant, quelques-uns poursuivent ces rites et se font reprocher d’être de connivence avec le diable d’où proviennent les accusations de sorcelleries. Après quelque temps, l’Église se retrouve prise dans le mouvement de féodalisation, car depuis la prise de pouvoir des Carolingiens, les rois ont pris l’habitude de régner avec le soutien des évêques, donc ils contrôlaient leur nomination. Maintenant, avec la fin de l’ordre carolingien, les gens de l’Église sont soumis aux mêmes contraintes que les laïcs. Ils doivent être sous l’influence des rois, user de stratégies familiales pour perpétuer leurs charges et les accroître en faisant des ventes, des échanges ou même des agressions militaires. Ces interventions ne sont pas vraiment évangéliques et en plus, ils transgressent les trois vœux du clergé qui sont la pauvreté, l’obéissance et la chasteté. Au 11e siècle, une menace de réforme plane pour remettre l’Église sur la bonne voie en lien avec les vœux premiers. Dans cette idée, un monastère bénédictin est créé dans le but de louanger la grandeur de Dieu et de l’Église seulement et ces monastères échapperont à l’emprise des seigneurs et des ecclésiastiques. Un grand nombre de penseurs indépendants et en désaccord avec les principes des évêques de leur temps, vivent dans ces installations. De grandes perturbations se déroulent à l’extérieur des monastères dans les villes, car les clercs formés dans les écoles sont envoyés au bûcher pour condamner ouvertement les richesses, les abus et les pouvoirs de l’Église. Dans un même temps, les gens se mettent à croire au renouveau du millénarisme qui est un courant de pensée disant qu’il y aura un millénaire de bonheur et de perfection sur terre avant la fin du monde.

c) La réforme grégorienne

Dans cette réforme il y a deux grands pôles de changements. Il y a la situation de l’Église par rapport à celle des laïcs et la situation du pape. On voit à cette période une condamnation des ventes ou des achats des possessions ecclésiastiques ou à la transmission de celles-ci par héritage ou par stratégies familiales. Donc, la lignée des évêques de père en fils ou d’oncle en neveu est maintenant terminée. Finalement, les évêques et les abbés sont élus par les clercs ou par la cour pontificale. Ils seront choisis par leurs qualités chrétiennes ou par leur fidélité au pape et non par leur lien de parenté avec les hauts placés de la société. De plus, pour empêcher le lignage dans les fondations de l’Église, ils remettent la règle de célibat des prêtres. Pour le pape, on forme un collège de cardinaux parmi les principaux évêques pour élire un nouveau pape lorsque le précédent est décédé. Dans les monastères, on veut retourner aux sources et ne plus avoir à faire avec la richesse et la puissance des établissements traditionnels, mais valoriser les valeurs de la solitude, du travail et du silence.

d) Mouvements de paix

Les évêques se réunissent en conciles locaux et décident de mettre des limites aux usages de la violence dans les rapports entre les gens. Donc, ils interdirent les armes et la violence dans les lieux religieux et l’usage de la force contre les gens qui ne portent pas d’armes. Vers la fin du 11e siècle, les idées de paix triomphent sur l’ensemble de l’Europe occidentale. Les églises et les cimetières deviennent les positions centrales des paroisses. On voit aussi à ce moment, la fondation d’hospices, de léproseries et des maisons Dieu qui sont des refuges, mais pas encore considérés comme des hôpitaux modernes.

e) L’ordre dans la société

La société est organisée sous forme de pyramide. En haut nous retrouvons les clercs qui ont encore de grands pouvoirs, dans le milieu il y a les guerriers qui sont les chevaliers et finalement dans le bas, se regroupent les paysans. Même s’il y a une certaine hiérarchie, les gens travaillent quand même ensemble. Les clercs prient pour tous, les guerriers protègent les autres et les paysans les aident à se nourrir. Par contre, les femmes n’ont plus aucun pouvoir. Effectivement, elles peuvent prendre partie dans l’ordre public que par le biais de leur famille où elles doivent autorité à leur mari. Tout ceci à cause des hommes d’Église qui ont décidé de les rabaisser pour ne pas être tentés par elles.

f) Les chevaliers

«Un chevalier est un cavalier, donc un homme qui combat à cheval pour le service de son chef et la garde de son château.» L’Église aime bien cette vision des chevaliers et décide de mettre cette idée de service et de combat dans une cause qui semble plus noble. Elle veut mettre des chevaliers au service de Dieu pour qu’ils combattent pour l’Église toujours dans l’institution de la paix. Ces hommes ont un entraînement militaire sous forme de compétitions sportives et leur éducation se termine par un enseignement chrétien.

g) La croisade

Au 11e siècle, les Turcs prennent possession de la Syrie et de la Palestine, dont plusieurs territoires importants comme la Terre Sainte. Le pape prône donc l’intervention des chrétiens par les armes et recrute des guerriers qui vont aller se battre sous le signe de la croix. Il promet aux combattants une rémission des pêchés pour ceux qui tomberont au combat. La croisade est un succès, après trois ans de difficultés comme la famine en particulier, Jérusalem tombe aux mains des croisés en 1099. Beaucoup de gens sont morts pour cette cause. Avec cette victoire, les papes sont maintenant en mesure de gérer la guerre et la paix, bref de s’ingérer dans les affaires de l’État. Il y eut d’autres croisades, qui par la suite, ont repris du terrain aux Arabes. Par contre, les musulmans organisent une résistance qui menace le royaume de Jérusalem. En Europe, le pape est en voie d’imposer son autorité partout, même à l’empereur germanique.
Sources:
Hébert Michel, Le Moyen Âge
Images:

Aucun commentaire: