ou ils sont fous ces matheux !
Il faut dire que les temps sont dures. La première guerre mondiale est passée, mais la stabilité n'est pas revenue. En 1929, c'est la grande crise économique, la montée du fascisme et du nazisme qui, comme on le sait, dégénera en une deuxième guerre mondiale.
Parallèlement à cela, c'est l'apogée du dadaïsme, un mouvement qui fait l'apologie de l'enfance, qui remet en question toutes les convenances. C'est la quête de la liberté, de la créativité. Les artistes se font irrespectueux, extravagants. On se moque de tout, surtout ce qui est pris au sérieux.
C'est dans ce contexte qu'un groupe de étudiants en mathématique, rejetant les procédures de leurs "maîtres du siècle passé" et n'ayant pas d'aînés, puisque la guerre a obligé les universités à fermer, décide de s'unir pour dépoussiérer les notes de cours et les traités mathématiques.
Le groupe Bourbaki naît en 1935. Il produira Les Éléments de mathématique (un nom qui n'est pas sans rappeler Euclide) qui influencera non seulement les mathématiques, mais l'enseignement de celles-ci (ce qu'on appellera les mathématiques modernes).
Pour pouvoir publier, Bourbaki devait exister. Le groupe inventa donc une biographie à leur personnage. On disait qu'il travaillait à l'académie de Poldévie (pays imaginaire). Et tant qu'à pousser un peu, on a même publié le faire-part de mariage de Betty, la fille de Bourbaki.
En 1968 (année des grèves étudiantes en France), le mathématicien Jacques Roubaud reprend le canular du mariage et publie l'avis de décès de Bourbaki. Voilà les anticonformistes critiqués, parodiés.
Les familles Cantor, Hilbert, Noether,
Les familles Cartan, Chevalley, Dieudonné, Weil,
Les familles Bruhat, Dixmier, Godement, Samuel, Schwartz,
Les familles Cartier, Grothendieck, Malgrange, Serre,
Les familles Demazure, Douady, Giraud, Verdier,
Les familles Filtrantes à droite et les épimorphismes stricts,
Mesdemoiselles Adèle et Idèle,
ont la douleur de vous faire part du décès de M. Nicolas Bourbaki, leur père, frère, fils, petit-fils, arrière petit-fils et petit-cousin respectivement, pieusement décédé le 11 novembre 1968 (jour anniversaire de la victoire) en son domicile de Nancago. L'inhumation aura lieu le samedi 23 novembre 1968 à 15h au cimetière de fonctions aléatoires, métros Markov et Gödel. On se réunira devant le bar « aux produits directs » carrefour des résolutions projectives, anciennement place Koszul. Selon le voeu du défunt une messe sera célébrée en l'église Notre-Dame-des-problèmes-universels par son éminence le cardinal Alephun, en présence de toutes les classes d'équivalences et des corps (algébriquement clos) constitués. Une minute de silence sera observée par les élèves des écoles normales supérieures et des classes de Cern, car « Dieu est le compactifié d'Alexandrov de l'univers » (Grothendieck, IV, 22).
Voici donc une photo du véritable Nicolas Bourbaki.
(Photo provenant de emath.fr)
Sources :
http://math.univ-angers.fr
http://smf.emath.fr/
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2 commentaires:
Mais oui, Bourbaki n’était pas un mathématicien, mais il en a été plusieurs. Le nom Bourbaki est le nom d'un général de Napoléon III qui a pris une part importante à la guerre franco-prussienne. C’est les jeunes mathématiciens du groupe Bourbaki qui ont choisi ce nom en souvenir d'un canular réalisé à l'École Normale Supérieure. Les membres originaux étaient Henri Cartan, Claude Chevalley, Jean Dieudonné, Jean Deslarte, et André Weil. Leur but était de composer un livre moderne pour les étudiants français de l'Université afin de remplacer l’ouvrage classique de Goursat. Leur premier livre était « Les éléments de mathématiques » et il a été publié en 1939. Merci Lyne de m’avoir attiré l’attention sur le groupe Bourbaki.
;-)
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